Vu de mon point de vue

(Ce texte s’efforce de refléter ce que je crois, ce que je considère comme étant le plus probable. Il ne s’agit pas à proprement parler de certitudes, même si parfois je les présente comme telles pour ne pas multiplier les « je crois que » ou « je considère comme très probable que». Parfois cependant, j’émets des doutes, ou je cherche à m’appuyer sur ce que d’autres croient).

(Ce texte est appelé à se développer au fur et à mesure de la construction du vocabulaire, avec un nombre croissant de références aux feuilles du Site).

Moi-même

Je suis une entité douée de vie et d’une certaine autonomie. Je l'étais dès ma naissance, mais mon évolution personnelle a renforcé peu à peu ma personnalité.

Perception

Je suis capable de percevoir d’autres entités matérielles (dont j’admets donc aussi l’existence). Mon corps dispose pour cela de mécanismes de complexité variable, qui concourent à construire en moi des représentations : images des entités et situations que je rencontre, images non exemptes d'illusions. Pour ma vie et ma survie, je ressens un besoin pressant et permanent de construire de telles images, cependant toujours imparfaites. Mon cerveau, par ailleurs, les désigne par des concepts, au moyen du langage.

Raison

Certaines de mes fonctions - qui ont une base physique (le cerveau et ses neurones, ...) - me permettent de raisonner, et notamment de relier certaines observations par des relations causales. Plus généralement, mes représentations évoluent en idées, parfois très abstraites, que je suis capable d'assembler au moyen du raisonnement.

Cette capacité de raisonnement, pour s’exercer efficacement, doit être soumise à des règles permettant d’assurer une cohérence à ma pensée. Ces règles prennent une forme particulièrement rigoureuse dans la logique et les mathématiques. Sans ces règles, enchaîner observations et raisonnements conduit presque fatalement à l’erreur. Par ailleurs, il est dangereux d'accorder la prééminence à ce qui occupe l'esprit (les idées) et d'en venir, en une sorte d'idéalisme, à les juger plus importantes que la réalité, voire à nier celle-ci, notamment par la rationalisation, ce qui peut conduire à la psychose.

En conséquence, mon besoin de construire des représentations de ce qui m’entoure s’étend à celui de les comprendre, en les mettant en relation : je ressens un besoin permanent de construire des sortes de modèles plus ou moins complexes faisant correspondre mes idées aux réalités. Une fois bien vérifiés, quelle que soit la complexité de l’objet, ces modèles sont pour moi d’une grande utilité pratique, bien qu'ils doivent subir régulièrement des remises en question.

Une des premières opérations de ma raison est celle de classer les objets, les événements, et même ses propres activités, en catégories. La théorie (mathématique) des ensembles permet un traitement formel de ces opérations.

La raison met aussi volontiers en lumière des oppositions entre contraires, créant des polarisations. Mais les contraires s'attirent, et se combinent parfois au point de produire des synthèses (notamment par la dialectique) ou des harmonies (le Yin et le Yang).

Réflexivité

Ma capacité d’observation et de raisonnement peut aussi s’appliquer à moi-même, induisant conscience et réflexion.

Cette activité présente pas mal de pièges, car de nombreuses activités de mon esprit se déroulent de manière inconsciente, et font même l'objet de blocages aux racines profondes. La psychanalyse est la théorie la plus connue de l'inconscient, de sa structure et de son fonctionnement. De telles théories sont des outils d'exploration, au moyen desquels des thérapeutes compétents peuvent aider d'autres personnes à modifier des aspects de leur personnalité, notamment en vue de diminuer certaines souffrances.

A en croire beaucoup de biologistes contemporains, la conscience n'est pas une entité, matière ou capacité surajoutée à mes facultés intellectuelles, mais est le produit même du fonctionnement des neurones de mon cerveau.

Savoir partagé

J’admets l’existence d’autres êtres raisonnants et réflexifs : il s’agit des autres hommes.

Partager avec eux des concepts se fait le mieux par l'intermédiaire du langage, commun à un certain nombre d'individus dans le cadre d'une culture.

Science

La pertinence de ma compréhension augmente si elle est en concordance avec celle de ces autres êtres. L’expérience montre qu’il est possible d’établir des méthodes de pensée permettant de vérifier cette concordance (méthode scientifique). Parmi ces méthodes, la quantification, avec son cortège de formules mathématiques, se distingue par son efficacité malgré la prudence qu'elle exige.

J’attache beaucoup d’importance aux connaissances que les hommes se sont forgées sur la matière, vivante ou inanimée, mais je sais que la plupart d’entre elles seront encore sujettes à approfondissements et même à des remises en cause.

La pensée scientifique se consacre aussi à l'homme et à son activité sociale, non sans difficulté, car l'homme est alors juge et partie.

A partir du plus élémentaire

Il apparaît de plus en plus que les systèmes les plus complexes se sont (ou ont été) construits à partir des plus simples. La connaissance des constituants élémentaires de la matière (les éléments et l’atome, qu'il a fallu des siècles pour cerner, mais aussi les particules; dans le domaine de la vie: les protéines et la cellule) est donc d'une importance fondamentale. J’espère qu’elle évoluera vers plus de simplicité.

Sans entrer dans le détail de la physique de l'atome et des particules, je puis, comme les philosophes atomistes grecs, avoir l'intuition que la matière est composée de petits éléments invisibles et, même, qu'entre ces éléments toujours en mouvement le vide occupe la majeure partie de l'espace. Une matière monolithique ne pourrait, en effet, se prêter aux délicats changements tels que la croissance et la décomposition des plantes, l'évaporation, ou même l'usure. Quant à l'absence de vide interne, elle conduirait à une matière sans souplesse, littéralement paralysée.

Je dois donc en venir à la certitude que mon corps, lui aussi, est composé d'un ensemble d'éléments minuscules, en perpétuel mouvement, en constante transformation.

Ce que l'intuition, par contre, ne peut seule concevoir, c'est la diversité de ces atomes, formant les éléments chimiques, non de manière désordonnée, mais en vertu de lois conduisant au tableau périodique des éléments.

Force, énergie, matière

Mon intuition ne peut non plus concevoir quelles sont les forces qui maintiennent ensemble ces atomes, et gouvernent leurs associations.

Il a fallu des siècles, aussi, pour que se précisent la notion d'énergie, ainsi que le principe de sa conservation sous ses multiples formes (potentielle, cinétique, thermique, biologique, électrique, ...). A quoi se sont ajoutées les étonnantes discontinuités mises en lumière par la physique quantique.

Enfin, s'est précisée l'étroite relation liant matière et énergie.

Les origines

Je ne puis cependant que constater que plus se construit le solide édifice de la physique, plus se multiplient les interrogations sur l'origine de la matière et de l'univers.

La vie

On est peut-être plus avancé en ce qui concerne les origines de la vie. En effet, il semble de plus en plus possible, et même probable, qu'elle ait émergé de la matière inanimée. Cela n'exclut pas à mes yeux l'intervention d'un être suprême: il peut être à l'origine de la matière, et l'avoir conçue de manière telle qu'elle en vienne à prendre vie.

En tout cas, le monde du vivant est d'une particulière complexité. Non seulement, il comporte une incroyable variété d'espèces, allant du plus simple au plus complexe, mais les êtres plus complexes, eux-mêmes, sont formés de constituants plus petits, plus simples, mais dotés néanmoins, comme c'est le cas pour la cellule, d'un fonctionnement propre, très élaboré.

Déjà au niveau de la cellule, la vie se caractérise par la fabrication et le déplacement constants d'ions, de molécules, de signaux.

De par ses propriétés, l'eau est indispensable à la vie. Le corps humain est composé à 65% d'eau. Grâce (entre autres) aux propriétés de l'eau et du carbone, la vie peut revêtir une infinité de formes, et se doter de fonctions propres à susciter notre étonnement et notre admiration: la réplication, la reproduciton, le mouvement, l'émergence de systèmes, la perception, la transmission (électrique ou chimique), l'alimentation, la régulation, ...

Les systèmes

La vie montre aussi que les systèmes plus complexes ne se réduisent pas à la somme de leurs constituants: ils ont des propriétés propres.

Evolution, hasard

Un des apports de la méthode scientifique a été de mettre en lumière que les êtres vivants évoluaient. Je suis donc moi-même le résultat d’une longue évolution.

Dans l'évolution, le hasard joue un rôle majeur. Et l'étude contemporaine de la biologie montre que ce rôle reste important dans beaucoup de processus courants de la vie. Dans une certaine mesure, l'homme peut cependant identifier et mesurer le rôle du hasard grâce à la science de la probabilité.

Etre suprême?

Accepter l'idée de l'évolution n’exclut pas, pour moi, l’existence d’un être suprême, créateur du monde. A la question "pourquoi et comment la matière existe-t-elle?", et à celle, connexe, "pourquoi existons-nous?", la science n'a pu, à ce jour, donner aucune réponse, ce qui laisse place aux diverses croyances exprimées par les religions. La diversité de celles-ci, jointe au fait qu’elles sont étroitement liées aux cultures propres à des civilisations, me fait cependant croire qu’aucune certitude à valeur universelle ne peut aujourd’hui en résulter.

Entités spirituelles?

Je n’exclus pas la possibilité d’existence de purs esprits (entités dotées d’une capacité de ressentir et de raisonner, indépendamment de tout support matériel), ni la possibilité de les contacter, mais à mon avis aucune preuve sérieuse n’en a été donnée jusqu’ici, si bien que la probabilité de cette existence est à mes yeux plutôt faible.

Morale

S’il existe un être suprême, je crois qu’il laisse aux hommes une grande latitude dans l’organisation de leur vie et de leurs sociétés. C’est pourquoi je doute de la pertinence de la plupart des interventions des religions dans cette organisation. J'étends ce doute à la morale et à l'éthique, même si j'admets l'utilité historique de l'apport des religions en ces matières.

Imagination

Comme c'est le cas pour toutes les espèces, les hommes ont une puissante tendance à protéger la pérennité de leur espèce. Plus que les autres espèces, ils déploient dans ce but une imagination et un savoir-faire producteurs d’une grande diversité de réalisations et d’actions.

Histoire

L’humanité a une histoire.

Sociétés

Au fur et à mesure du développement de leur espèce, les hommes sont amenés à coopérer. Pour ce faire, ils établissent entre eux des relations, et structurent des sociétés. Ils exploitent le monde non pensant, y compris les animaux.

Un des aspects importants de la vie en société est l'activité économique, avec ses trois volets: produire, échanger, consommer. Pour subsister, d'abord. Ensuite, pour satisfaire d'autres besoins.

Les aléas de la vie en société conduisent à se poser, sous des formes toujours nouvelles, la question du rapport entre le "moi" et le "nous".

Valeurs

Le critère de qualité de ces relations et de ces sociétés dépasse peu à peu la seule survie de l’espèce. Il s'étend à des valeurs, résumés d'une sagesse acquise par l'expérience: le respect de la vie, le droit au bonheur, l'égalité des hommes, la liberté, ...

Création

Les hommes se livrent à des actions de création désintéressées, conduisant à ce que l’on peut appeler des objets culturels, engendrant des satisfactions d’ordre esthétique, psychologique, relationnel,...

Technique

Je crois que les créations plus utilitaires (notamment les créations techniques) sont, par extension, également des objets culturels.