Moi, mon identité, ma personne

Qui ne s'est déjà demandé: pourquoi suis-je ici, dans ce pays, dans ce corps, dans cette famille,... et non de l'autre côté de la terre, dans un corps d'une autre couleur, né de parents différents, moins riches, plus riches?

Si je pose la question du Moi en ces termes, c'est que je suppose qu'il existe une entité, indépendante de mon corps, de mon histoire personnelle et de mon entourage, et que cette entité pourrait être déplacée dans un autre corps et dans un autre contexte. Cette entité serait formée de ce que je suis vraiment, à l'intérieur de moi-même: ma personnalité, avec ses traits de caractère, ses qualités et ses défauts.

Or, cette manière de voir ne résiste pas à une première réflexion: je sais que de nombreux traits de ma personnalité sont conditionnés par les caractéristiques de mon corps: sa taille, sa souplesse, sa vigueur, l'acuité de ses sens, sa beauté, ... Elle résulte aussi de mon éducation et des habitudes qu'elle a ancrées en moi. On ne pourrait donc la transporter telle quelle dans un autre corps et dans un autre contexte sans la modifier profondément: il s'agirait alors d'un autre "moi".

Supposer que le "moi" soit transportable, c'est répartir en quelque sorte l'être humain en deux parties: l'une, spirituelle (le "moi pensant", disent les philosophes), porteuse de nos plus hautes capacités et aspirations; l'autre, matérielle. Rien n'empêche d'opérer, intellectuellement, une telle distinction, mais à condition d'affirmer aussitôt l'unité de la personne humaine: le "moi", dans cette perspective, est à la fois corps et esprit.

Il y a, sur ce sujet, ample matière à réflexion. Biologistes, psychologues, philosophes, sociologues même se sont beaucoup penchés sur la question du moi et de l'identité.