La dialectique
En opposant les idées par la discussion, on les fait souvent
progresser. Le philosophe grec Héraclite
(576 à 470 AC) en fit une méthode, où les contraires
tantôt s'opposent et tantôt s'unissent pour permettre,
par étapes, l'accès à une vérité
supérieure.
Unis sont tout et non tout, convergent et divergent,
consonant et dissonant; de toutes choses procède l'un et
de l'un toutes choses.
Ils ne comprennent pas comment ce qui s'oppose
s'accorde dans une identité. L'harmonie est changement
de côté (va-et-vient), comme pour l'arc et la lyre.
La méthode socratique, faite de questionnements
assez provoquants adressés par le professeur à l'élève
dans un ordre adéquat, utilise ce principe pour l'enseignement
et la formation, permettant à l'élève de refaire
une partie du chemin de la découverte.
Hegel
Le philosophe allemand Hegel
(1770-1831) a donné une nouvelle impulsion à la dialectique.
Pour lui, les contraires sont inséparables. Surmonter une
contradiction, c'est découvrir la nature même de ce
qui unit les contraires, et accéder ainsi à un degré
supérieur de compréhension.
C'est le sens le plus profond que l'on puisse donner au "plan
dialectique", un des plans proposé pour les dissertations.
Selon ce plan, on commence par exposer une idée, une opinion:
c'est la thèse. Ensuite
on expose une idée opposée: c'est l'antithèse
(Hegel parle de moment dialectique). On s'efforce enfin
de concilier ces contraires: c'est la synthèse,
où l'on devrait retrouver, combinées, les richesses
des deux points de vue.
Un exemple, bien d'actualité.
Thèse: l'homme
est le maître de la nature,
il a tout pouvoir sur elle.
Antithèse: l'homme doit respecter la nature, ne pas violer
ses lois.
Synthèse: l'homme fait partie de la nature, il participe
à son évolution.
En incluant l'homme dans la nature, on dépasse à
la fois la thèse et l'antithèse, tout en leur donnant
une signification nouvelle: certes, l'évolution a doté
l'homme de la capacité de modifier notablement la nature,
mais il doit le faire avec discernement puisque, partie de la nature,
il subira lui aussi les conséquences de ses interventions.
Marx
Marx, philosophe, économiste
et homme politique allemand (1818-1883), appliqua la méthode
dialectique dans le cadre du matérialisme
historique.
Pour lui, il faut analyser les processus historiques, passés
et en cours, de manière à en débusquer les
contradictions (produites essentiellement, selon Marx, par les modes
de production). Il devient
alors possible de dépasser ces contradictions en intervenant
dans l'histoire par la révolution
intellectuelle et pratique.
Une dialectique sans contradiction?
Le mot dialectique a été mis à toutes
les sauces. C'est normal, vu son sens premier très général.
Certains ont même voulu en évacuer toute idée
de contradiction, d'opposition.
Ainsi de la dialectique de la participation,
visant une pénétration progressive dans la réalité,
grâce à une pensée procédant de proche
en proche par approfondissements successifs, sans qu'il soit besoin
de passer par des victoires et des défaites, la satisfaction
n'étant obtenue qu'à la fin du processus.
|