La propriété

Nous y attachons beaucoup d'importance

Il suffit d'observer

  • avec quelle énergie un très jeune enfant s'accroche à un objet qu'il détient,
  • que beaucoup de mammifères et d'oiseaux, au moment de la reproduction, délimitent un territoire dont ils interdisent l'accès aux autres individus de leur espèce,
  • combien nous affecte la perte d'un objet auquel nous sommes attachés,
  • l'intensité des drames familiaux causés par des problèmes d'héritage,
  • la dévalorisation que peut ressentir une personne qui a tout perdu,

pour nous rendre compte de l'importance que revêt, pour nous, la propriété d'objets, de bâtiments, de terres.

Sa source

On peut comprendre comment se justifie la propriété d'un objet pour la personne qui l'a fabriqué. On peut aussi comprendre que cette propriété puisse s'échanger contre celle d'autres objets, fabriqués par d'autres personnes.

Plus délicate est la justification de la propriété des terres. Car au départ la terre n'est à personne. Ou plutôt, elle est à tout le monde. Le droit du premier occupant n'est pas très convaincant. Pour se justifier, il doit s'accompagner d'une utilisation, ou du moins d'un projet d'utilisation: culture, élevage, exploitation, chasse, construction d'un bâtiment, ... Mais que penser, alors, de terres dont l'exploitation a cessé, ou est confiée à d'autres?

Propriété collective ou individuelle?

A la source, parfois, la propriété est collective: dans les sociétés primitives, c'est la tribu qui détient la terre, soigneusement délimitée. Cette propriété est d'ailleurs alors souvent sacralisée: elle est celle des ancêtres de la tribu, et de ce fait il est difficile de concevoir qu'elle puisse être cédée. Les ancêtres sont les vrais propriétaires, les vivants n'ont que l'usufruit.

Certains objets d'utilité collective sont propriété de la tribu: pirogues, filets de pêche, armes destinées à la chasse en groupe, ...

Dans ces sociétés, d'ailleurs, l'individu lui-même appartient à son gropupe, au point qu'il partage avec lui son salaire. Seuls quelques objets, principalement ceux qu'il a fabriqués, lui appartiennent en propre.

Avec l'évolution des sociétés, l'individu s'est progressivement affirmé, ses possessions personnelles se sont multipliées. La propriété de l'individu est devenue, elle aussi, sacrée, au point qu'à sa mort ses objets l'accompagnent dans sa tombe (et ceci s'étend parfois à ses serviteurs et à son épouse!).

Héritage

A la mort d'une personne, tous les objets ne sont pas enterrés avec elle: une partie revient à ses enfants. A Rome et dans la Grèce antique, la propriété est fortement marquée par un caractère familial, qui s'étend à la terre.

Pouvoir et propriété. Le système féodal

Peu à peu, les richesses (notamment la terre, avec les grands domaines) peuvent donc s'accumuler au sein de certaines familles, et avec ces richesses, le pouvoir. Les plus pauvres en viennent à solliciter la protection des plus riches, des seigneurs, qui construisent des châteaux-forts, protègent les paysans et prélèvent en échange diverses taxes, notamment une partie des produits des cultures. Les seigneurs, à leur tour, sollicitent la protection de seigneurs plus puissants, en sorte que s'établit une sorte de hiérarchie: c'est le système féodal, où la plupart des terres ont une sorte de cascade de propriétaires, au sommet de laquelle se trouve le roi, tête et arbitre du système. A cette cascade, est liée une hiérarchie de titres de noblesse (voir ICI).

Le caractère héréditaire de la propriété des terres est source de stabilité. Mais elle fut aussi souvent source de guerre, à l'occasion de décès, de mariages, d'alliances, de trahisons, ...

La fin du système féodal

Dès la fin du Moyen-Age, une partie importante des richesses devint la propriété des commerçants et des fabricants, indépendants du système féodal.

La persistance d'un système féodal, où le pouvoir public restait concentré entre les mains du roi et de ses vassaux, n'était plus tenable, et c'est ce qui explique la Révolution française (1789), avec la mise en place progressive d'un système où le pouvoir, cette fois, soit aux mains du peuple et de ses représentants.

Le droit de propriété

Chaque fois qu'une société a cherché à clarifier les règles gouvernant les rapports entre ses membres, une grande part de ces règles a été consacrée au droit de propriété.

En Europe, ce fut notamment le cas

  • du droit romain, élaboré entre le Vème et le IIIème siècles avant J-C (voir ICI);
  • du "Code Napoléon", publié en France le 21 mars 1804 (voir ICI);
  • de la série d'enclosure acts, édictés en ANgleterre entre 1760 et 1840, dont le principal est le General Encolsure Act de 1801; leur objectif était de permettre l'exploitation privée de terres qui étaient jusque-là propriétés collectives (voir ICI en français et ICI en anglais, plus complet).