Les aventuriers du commerce
Le commerce fut souvent, au début, une affaire d'aventuriers,
ou du moins de personnes à l'esprit aventureux.
C'est déjà vrai sur de courtes distances: il faut
affronter les risques et les dangers du transport, oser la rencontre.
Mais que dire du commerce au long cours? Il a beau s'être
organisé, au cours des siècles, le long de routes
commerciales (terrestres ou maritimes), il a très longtemps
conservé sa part de légende, et aujoud'hui encore,
où les communications semblent si aisées, les incertitudes
demeurent.
Une des routes légendaires est la route de la soie. Contournant
ou traversant d'immenses déserts et de colossaux massifs
montagneux , elle permettait l'échange de matières
précieuses entre l'Extrême Orient et le Moyen Orient,
et par là avec l'Europe.
A propos de la route de la soie, voir ICI.
La sécurité de ces routes était bien plus
grande lorsqu'elles étaient organisées par un pouvoir
politique fort sur un territoire étendu, comme ce fut le
cas jusqu'au IIIème siècle pour l'empire romain, avec
son réseau de chaussées et ses relais organisés.
Au contraire, lorsque le territoire se morcelait, comme ce fut le
cas par exemple en France au Xème siècle, le commerce
péricilitait, les échanges se raréfiaient.
|
Certaines techniques
ont aussi beaucoup facilité le commerce: les techniques
d'attelage, le sextant, la boussole, la construction navale,
l'aviation, les méthodes financières de facilication
des paiements à distance, ... |
Passeurs de culture
Les marchands ne transportaient pas que des marchandises. Tous
emportaient avec eux ne fût-ce que des fragments de culture,
par les récits qu'ils faisaient tant à l'aller qu'au
retour, suscitant l'intérêt des esprits les plus ouverts.
Parfois aussi, des religieux, des savants ou des philosophes les
accompagnaient.
|
Marco-Polo (1254-1324) est
un de ces passeurs de culture. Parti à 15 ans vers
l'Extrême Orient avec ses oncles, commerçants
vénitiens, il devint un conseiller écouté
de l'empereur mongol, auquel il rapporta de précieuses
informations sur la civilisation européenne.
Lors d'un séjour dans une prison génoise,
il dicta un récit de ses voyages: "le devisement
du monde", dont on trouvera ICI
une traduction en français moderne. |
D'immenses fortunes se sont bâties sur le commerce au long
cours. De nombreux pays, villes ou régions s'y sont illustrés:
selon les époques, les phéniciens, les grecs, Rome,
Byzance, Venise, Gênes, la Flandre, le Portugal, l'Espagne,
la Hollande, l'Angleterre, la France, les Etats-Unis, ... Le plus
souvent, leur apogée commerciale a coïncidé avec
celle de leur puissance militaire, qui leur procurait la maîtrise
des routes commerciales.
Le commerce fut très important pour la culture. Il y a beaucoup
de raisons de penser que l'écriture
fut inventée pour permettre l'enregistrement des transactions
commerciales.
Le philosophe Nietzsche
(1844-1900), dans son livre "Généalogie de la
morale", attribue même l'origine de la notion de faute
morale à la relation
entre l'acheteur et le vendeur: entre individu, comme entre communauté
et individu, les manquements ont un prix, demandent une compensation
qui peut se mesurer. |