La logique
La logique est la science qui s'occupe de déterminer dans
quelles conditions des opérations de l'esprit conduisent
soit à la vérité soit à l'erreur.
La logique peut le plus souvent être qualifiée de
"formelle", dans la mesure où ses énoncés
sont valables pour toutes les matières dont la pensée
peut traiter, et ne s'occupe donc que de la forme
des jugements, non de leur contenu.
Le premier grand traité de logique, encore d'actualité,
est l'Organon (édité à la fin du XVème
siècle), qui regroupe plusieurs écrits d'Aristote
(384 - 322 a.c.).
On peut dire que tout qui réfléchit, argumente ou
élabore se doit de respecter les règles de la logique.
Cela se fait cependant, le plus souvent, de manière inconsciente,
car la logique est peu connue dans ses détails.
Passons en revue quelques principes ou opérations fondamentales
de la logique, en commençant par les principes de base (qui
peuvent sembler évidents).
Le principe d'identité
Le principe d'identité
semble aller sans dire.
Pour les objets: tout objet A est l'objet A, et ce qui n'est
pas l'objet A ne l'est pas.
Pour les affirmations: si A est vrai, A est vrai. Si A est faux,
A est faux.
Des objections ont été faites au principe d'identité.
Elles semblent toutes se baser sur le fait qu'aucun objet ni aucune
pensée n'est parfaitement définie.
On ne peut déclarer à la fois A ("A est vrai")
et non-A ("A est faux").
Si une affirmation est la négation de l'autre, les deux affirmations
sont contradictoires.
Il n'est pas rare cependant qu'un discours se contredise.
Le principe du tiers exclu
Une affirmation parfaitement claire est soit vraie soit fausse;
il n'y a pas de milieu, pas de "tiers".
Ces trois principes constituaient, dans l'antiquité,
la triade de base de la logique. |
Incompatibilité
Se dit de deux affirmations qui ne peuvent être toutes deux
vraies, mais qui peuvent être toutes deux fausse. Ainsi, notamment,
des jeux sur "tous" et "chacun", par exemple:
Tous les marins ont échappé à la noyade
Aucun marin n'a échappé à la noyade
Implication
On dit qu'une idée en implique
une autre si cette dernière en résulte nécessairement.
A implique B, c'est-à-dire
si A, alors B
exemple:si tel animal est un oiseau, cela implique
qu'il ait des ailes
Déduction
La déduction consiste à passer
d'une ou plusieurs idées à une autre qui en découle
logiquement. En d'autres termes:
Il est clair que la déduction utilisera souvent l'implication.
Syllogisme
Au sens large, on appelle parfois syllogisme
tout raisonnement déductif rigoureux
Au sens étroit, le syllogisme se limite à trois propositions,
comme le célèbre exemple
tous les hommes sont mortels
or, Socrate est un homme
donc, Socrate est mortel
Comme exposé ICI, ce syllogisme
peut être traduit dans le langage des ensembles, en termes
d'appartenance et d'inclusion.
D'une manière générale, le syllogisme peut
s'exprimer
y est z
or, x est y
donc, x est z
Tout raisonnement ainsi exprimé est valide.
Cela ne veut pas dire qu'il aboutit toujours à une conclusion
vraie. Ainsi
1. Tous les fruits sont jaunes
2. or, une fraise est un fruit
3. donc une fraise est jaune
aboutit à une conclusion fausse car la prémisse
1 est fausse. La forme du raisonnement est correcte, mais son contenu
est faux.
Subtilité de présentation
le raisonnement ci-dessous
1. x est y
2. or, y est z
3. donc x est z
n'est vrai que si 1 et 2 sont vrais |
donc le raisonnement ci-dessous
si x est y
et si y est z
alors x est z
est toujours vrai |
On entre ici dans les subtilités de la logique. Voir par
exemple Robert Blanché, Introduction à la logique
contemporaine, éd. A. Colin.
Axiomatique
Lorsque, partant d'un petit nombre d'affirmations (que l'on appelle
axiomes), on construit
par déduction un ensemble d'afirmations qui en découlent,
on obtient ce que l'on appelle un système axiomatique.
Un tel système commence par la définition des objets
dont on va traiter, et par l'énoncé des axiomes. Lorsqu'un
axiome n'est pas considéré comme une vérité
certaine, on préfère l'appeller postulat.
En modifiant un postulat, on peut aboutir à d'autres déductions,
à un autre système.
|
Après étude de l'ouvrage d'Euclide,
les mathématiciens modernes considèrent qu'il
est basé sur quatre axiomes (non mis en question
à ce jour) et sur un postulat, postulat dont la formulation
moderne la plus courante est
par un point extérieur à une
droite donnée, ne passe qu'une unique droite qui
lui soit parallèle
|
Constructions abstraites, certes, mais auxquelles il est néanmoins
possible de donner des interprétations concrètes.
Induction
Tandis que la déduction semble procéder par voie
descendante, allant d'une affirmation vers ses conséquences
logiques, l'induction, au
contraire, donne l'impression de remonter, en allant par
excemple de faits observés vers leurs explications, comme
dans une enquête policière.
En logique, l'induction part de propositions dites inductrices,
portant sur des cas particuliers, et remonte vers des propositions
plus générales, dites induites. Ceci, en
utilisant tantôt le raisonnement, tantôt l'intuition.
L'induction est indispensable à la méthode
scientifique dans les sciences de la nature, lorsqu'il s'agit,
à partir de faits observés, de construire des explications
ou des lois que l'on soumettra ensuite à la contradiction,
notamment par le biais d'expériences.
Francis Bacon
(1561-1626), considéré comme le premier théoricien
de la méthode expérimentale, a considérablement
insisté sur l'importance de l'induction.
Bacon, contemporain et
contradicteur de Descartes...
On peut y voir une modalité
de l'opposition - mais aussi de la complémentarité
- entre l' "esprit français", enclin au raisonnement
et à la spéculation intellectuelle, et l' "esprit
anglo-saxon", davantage tourné vers l'expérience,
voire le pragmatisme. |
|
Les philosophes et logiciens n'ont pas manqué de modérer
et de nuancer l'opposition entre déduction et induction.
|