L'Amour, dans "Le Banquet" de Platon

Glaucon raconte ce qu'un ami lui a raconté d'un banquet auquel participa Socrate en 416 AC. Les convives avaient convenu de boire modérément, et de parler à tour de rôle de l'Amour. Socrate parle en dernier lieu, et fait état de ce que lui avait appris la sage Diotime. Pour elle, l'amour ordinaire n'est qu'un intermédiaire vers le Beau absolu.

Voilà quelle est en effet la droite méthode pour accéder soi-même aux choses de l'amour ou pour y être conduit par un autre: c'est, prenant son point de départ dans les beautés d'ici-bas avec, pour but, cette beauté surnaturelle, de s'élever sans arrêt, comme au moyen d'échelons: partant d'un seul beau corps de s'élever à deux, et, partant de deux de s'élever à la beauté des corps universellement; puis, partant des beaux corps, de s'élever aux belles occupations; et, partant des belles occupations, de s'élever aux belles sciences, jusqu'à ce que, partant des sciences, on parvienne, pour finir, à cette science sublime, qui n'est rien d'autre que ce beau surnaturel tout seul, et qu'ainsi, à la fin, on connaisse, isolément, l'essence même de ce beau.

C'est à ce point de l'existence, mon cher Socrate, dit l'étrangère de Mantinée, que, plus que partout ailleurs, la vie pour un homme vaut la peine d'être vécue, quand il contemple le beau en lui-même!

Platon, Œuvres, La Pléiade (NRF), 1956, p. 747.

Partir de ce que nous vivons ici-bas pour nous élever par degrés vers le Beau et le Bien, comme dans le Mythe de la caverne