Idée


"Une idée me vient"


… me vient...
L'expression est-elle bien choisie? Elle donne l'impression que cette idée existait auparavant, et qu'elle est venue à moi. Qu'elle possède une sorte d'indépendance, qu'elle se meut à son gré. Si tel est le cas, un objet aussi étrange ne peut venir que d'un autre monde: le "monde des idées", par exemple, que nous présente le philosophe grec Platon, dans le célèbre Mythe de la Caverne. Une sorte de monde parfait, où les idées se meuvent et s'articulent, libres et claires, et dont le monde matériel ne serait que le reflet déformé.


Un important courant philosophique - l'idéalisme - est né de cette primauté accordée aux idées. Il a pris de nombreuses formes, dont la plus extrême est sans doute celle de Berkeley. Selon ce dernier, le monde matériel n'existe tout simplement pas: seuls existent les êtres pensants et les idées!


On peut aussi avoir l'opinion contraire: estimer que les idées n'ont d'autre but que de représenter le monde qui nous entoure. Un monde que nous percevons d'abord par nos cinq sens: la vue, l'ouïe, le toucher, le goût, l'odorat (comme le font aussi les animaux), mais dont, grâce à la pensée, nous nous formons des représentations mentales: les idées, justement.


Si l'on ajoute à ce dernier tableau la remarque que nous sommes nous aussi faits de matière, on aboutit au matérialisme. Pour un matérialiste, l'idée ne vient pas, il faut se la faire, si l'on veut comprendre, et ensuite agir. C'est la méthode de l'homme, basée sur l'intelligence et la réflexion, plutôt que sur le réflexe et l'instinct.