Echange de titres: la bourse

Lorsque l'on possède une action ou une obligation (on parle aussi de "titres", ou de "valeurs"), doit-on la conserver indéfiniment - ou du moins (dans le cas d'une obligation) jusqu'à son échéance? Non! On peut avoir besoin de récupérer son argent, ou avoir perdu confiance en l'émetteur concerné, ou encore souhaiter réaliser un autre investissement.

Pour la souplesse et la vitalité de l'économie, il est indispensable que ces titres soient négociables: qu'ils puissent s'échanger par achats et ventes. C'est le cas, et ces échanges se pratiquent journellement dans des volumes souvent importants. Pour faciliter la mise en relation des acheteurs et des vendeurs de titres, ont été créées dès le XIVème siècle des bourses. Grâce aux bourses, acheteurs et vendeurs n'ont pas à se chercher les uns les autres: il leur suffit de déclarer à la bourse leur volonté d'achat ou de vente, et la bourse se charge de tout.

L'acheteur ou le vendeur individuel ne s'adresse toutefois pas directement à la bourse: il s'adresse à des intermédiaires (courtiers, "brokers", mais aussi banques, "sociétés de bourse", ...) en lesquels la bourse d'une part et les vendeurs et acheteurs d'autre part ont une confiance suffisante pour avoir la certitude que les engagements (de livraison de titres; de paiement) seront tenus.

Offre, demande et prix en bourse

Encore faut-il savoir à quel prix tel titre sera échangé.

C'est le moment de tenter de croiser courbe d'offre et courbe de demande (voir ICI).

Voici comment procédait, jusque dans les années 1980, une société de bourse chargée d'établir le cours (ou prix) d'un titre donné (en Belgique, on disait que cette société était "teneur de marché" pour ce titre) pour le compte de la bourse.

Chaque acheteur communiquait son ordre d'achat sous une des deux formes suivantes:

-
soit un achat limité à un cours donné: "j'achète N titres à un prix maximum de ...";
-
soit un achat de N titres "au cours", c'est-à-dire au prix qui résultera des offres et demandes des autres acheteurs et vendeurs.

De même, chaque vendeur:

-
soit limitait sa vente à un cours donné: "je vends N titres à un prix minimum de...";
-
soit vendait ses N titres "au cours".

Voici par exemple la synthèse de tels ordres:
achats: 200 au cours; 50 à 12 euros; 100 à 11,5; 100 à 11; 175 à 10,5; 20 à 10.
ventes: 25 à 12 euros; 100 à 11,5; 125 à 11; 75 à 12,5; 125 à 10; 100 au cours.

Sur cette base, le teneur de marché construisait le tableau suivant, basé sur la juxtaposition des quantités, cumulées en ordre inverse, des achats et des ventes.

Formation du cours (ou prix) d'un titre
Demandes des acheteurs
PRIX
Offres de vendeurs
quantités
quantités cumulées
quantités cumulées
quantités
au cours 100 100
20
645
10 225 125
175
625
10,5 300 75
100
450
11 425 125
100
350
11,5 525 100
50
250
12 550 25
200
200
au cours    

On y constate:

-
à 10,5 euros, seraient possibles 625 achats, mais seulement 300 ventes;
-
à 11,5 euros, seraient possibles 525 ventes, mais seulement 350 achats;
-
à 11 euros, sont possibles 425 achats et 425 ventes (25 achats possibles restant insatisfaits)

Le prix permettant le plus grand nombre d'échanges est donc 11 euros. Ce sera le cours fixé pour ce jour-là. 25 achats possibles ne seront pas réalisés; si les demandeurs concernés sont d'accord, ils seront reportés au lendemain, de même que les autres demandes et offres non satisfaites.

Le graphique suivant montre que cette méthode revient à tracer les courbes d'offre et de demande, et à chercher leur intersection, à ceci près que les courbes sont en escalier et que dès lors leur intersection est plutôt un intervalle qu'un point.

Cotation informatisée

Ce processus est appelé cotation des titres et aboutit à un tableau général, ou cote, des prix (ou cours) des titres échangés en bourse pour un jour donné.

Aujourd'hui, les ordinateurs permettent une cotation en continu: le professionnel habilité peut voir à tout instant sur son écran qu'il existe pour tel titre tant de demandes et tant d'offres à tels prix, et réaliser immédiatement tout achat ou toute vente que cela permet.

Evolution boursière

Chacun sait que les cours des actions connaissent, en bourse, des variations qui peuvent être considérables, qu'elles soient générales, ou propres à certains titres.

Les causes de ces variations, à la hausse () ou à la baisse (), peuvent être multiples. En voici quelques exemples.

Une entreprise fait savoir que son bénéfice sera moins élevé qu'attendu.
Les analystes (*) estiment qu'une société s'est trop endettée pour en acquérir une autre, dont les perspectives sont incertaines.

Une société annonce un important gonflement de ses ventes.

Une entreprise a perdu un important client.

On vient d'annoncer une baisse du PIB, ou une augmentation du chômage.

La Banque centrale augmente ou diminue les taux d'intérêt.
Une société perd un important procès, ou subit une lourde amende.
Une société annonce une restructuration, destinée à renforcer sa rentabilité.
Un important débiteur d'une banque menace de faire défaut.
Une décision politique reste en suspens, créant un climat d'incertitude.
etc.

(*) Experts chargés, au sein d'organismes divers,
de porter des jugements sur les perspectives des sociétés.

L'évolution boursière dépend de la situation économique, qui gouverne celle des entreprises. Mais elle dépend aussi de ce qu'en pensent les investisseurs, qui sont parfois guidés par de puissants phénomènes psychologiques, tels qu'un excès collectif d'optimisme ou de pessimisme.

Bourses non financières

Le mot "bourse" n'est pas réservé aux bourses d'actions et d'obligations. Il s'applique à tous les marchés où s'achètent et se vendent des marchandises standardisées: on y traite des quantités (nombres, poids, volumes), et non des objets ou lots différenciés, condition indispensable pour permettre le traitement collectif des achats et des ventes.

C'est ainsi qu'il existe des bourses au blé, au pétrole, au gaz, à l'électricité ...