Le modèle de Bohr
Spectres et raies
Cette fois, c'est l'étude des raies
spectrales qui allait permettre de dépasser le modèle
planétaire de Rutherford.
Que sont les raies spectrales?
On sait depuis Newton qu'en faisant
passer une lumière blanche
dans un prisme, on la décompose en une infinité de
couleurs, couvrant un large spectre de longueurs d'onde. Que se
passe-t-il si l'on décompose de la même manière
une lumière émise par un gaz (l'hydrogène,
par exemple) porté à l'incandescence?
Il se passe quelque chose d'étrange: au lieu d'un spectre
continu, on obtient un spectre réduit à quelques fines
zones, ou raies. Ces raies sont en quelque sorte la signature du
gaz, qui le distingue des autres au point qu'elles permettent de
l'identifier lors de l'analyse de la lumière émise
par les étoiles les plus lointaines. On parle de raies
d'émissions.
Un phénomène similaire se manifeste lorsque le gaz
est au repos, et qu'on le fait traverser par un rayon de lumière
blanche: si on analyse ce rayon après la traversée
du gaz, on constate des lacunes (raies noires) dans son spectre.
Et ces raies sont situées au même endroit du spectre
que les raies d'émission!
Pourquoi cette émission et cette absorption dans quelques
longueurs d'onde seulement? Faute de comprendre cette discontinuité,
le physicien suisse Balmer, peu après 1890, parvint à
établir une formule permettant de calculer les longueurs
d'onde de ces raies, du moins pour l'hydrogène. Voici sa
formule, qui donne la longueur d'onde Ln de la nème raie
du spectre de l'hydrogène:
1/Ln = R ( (1/22) - (1/n2)
)
où R est la constante de Rydberg,
propre à chaque élément.
RH = constante de Rydberg
pour l'hydrogène
RH = 109 700 par cm
Dans cette formule, chaque raie (dans le domaine
du visible) correspond à une valeur entière de n:
3, 4, 5,...
Etonnant: cette formule fait donc correspondre
chaque raie visible de l'hydrogène à un nombre entier
3, 4, 5, ... !
Bientôt, d'autres raies
de l'hydrogène furent découvertes, notamment dans
l'infrarouge et l'ultraviolet, ce qui permit de généraliser
la formule de Balmer
1/Ln
= RH ( (1/m2) - (1/n2)
)
où m remplace la valeur
2 de la formule précédente par différentes
valeurs entières (m = 1, 2, 3, ...), tandis que les valeurs
(entières) de n doivent y être supérieures
à m.
La lumière par grains
Il y avait un point commun entre la
discontinuité mise en formule par Balmer et les idées
de Planck (1900), bientôt reprises par Einstein (1905), selon
lesquelles la lumière
était émise par bouffées, chaque bouffée
ayant, pour une longueur d'onde ,
une énergie h x ,
où h est appelé constante de Planck et a
la valeur
h = 6,62.10-34 Joules x
secondes
Il appartint à Bohr d'élaborer,
en 1913, un nouveau modèle de l'atome qui tenait compte de
tout ce qui vient d'être dit.
En émettant de la lumière,
un atome perd de l'énergie.
Il perd cette énergie parce
qu'un de ses électrons s'est rapproché du noyau
de l'atome.
Il ne peut perdre cette énergie
que par bouffées, par grains, de valeurs proportionnelles
à h.
S'il en est ainsi, c'est parce que
les électrons ne peuvent tourner à n'importe
quelle distance du noyau: ils ne peuvent évoluer que
sur certaines orbites, chaque orbite correspondant à
un niveau d'énergie bien précis.
Les atomes émettent ou absorbent
de l'énergie lumineuse lorsqu'un de leurs életrons
"saute" d'une de ces orbites vers une autre.
Pour un élément
donné, chaque raie d'émission ou d'absorption
correspond à un de ces sauts. |
Par exemple, le spectre de l'hydrogène contient une raie
de longueur d'onde 656,3 nanomètres. Cette raie correspond
au saut d'un électron du niveau 2 vers le niveau 3 (raie
d'émission) ou vice-versa (absorption).
Très schématiquement (rappelons que les échelles
ne sont ici pas respectées):
Un noyau central composé de protons et de neutrons;
des électrons tournant autour de lui sur des orbites soigneusement
étagées: telle est l'image de l'atome qui s'imposa
à partir de 1913.
Application:
Dans la couche 3 (n = 3) de tout atome,
il y a ainsi trois sous-couches, numérotées
l = 0,1,2.
Dans la première de ces sous-couches (l = 0), les électrons
ne peuvent avoir que le nombre quantique magnétique m = 0.
On peut donc y trouver deux électrons, de spins s = -1/2
et +1/2.
Dans la seconde sous-couche (l = 1), les électrons peuvent
avoir des nombres magnétiques de -1, 0 ou 1 et des
spins de -1/2 ou +1/2. La sous-couche peut donc contenir 6 électrons.
Dans la troisième sous-couche (l = 2), les électrons
peuvent avoir des nombres magnétiques de -2,-1,0,1 ou 2 et
des spins de -1/2 ou +1/2. La sous-couche peut donc contenir 10
électrons.
Au total, la couche 3 peut donc contenir 2+6+10 = 18 électrons.
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