De l'alchimie à la chimie
Les mystères de la matière
Les mystères de la matière ont de tout temps intéressé
les hommes. Au nombre de ces mystères: les transformations
qu'elle peut subir. En premier lieu, les changements d'état
tels que la cristallisation, la sublimation, la dissolution, ...
En second lieu, les séparations et décompositions.
Enfin, les combinaisons.
La fabrication des objets (notamment métalliques), la guerre,
la médecine, la recherche de l'or, ..., toutes préoccupations
très pratiques, étaient certes à la base de
cet intérêt. Mais, objet de mystères, la matière
fut aussi objet de mystique et de philosophie. Purifier un métal
fut assimilé à la purification spirituelle. Le petit
monde du récipient de laboratoire fut considéré
comme l'image du monde.
L'alchimie
Le travail de la matière était donc aussi une quête
spirituelle, et ceci culmine dans la pensée arabe, entre
le VIIème et le XIème siècles. Une grande quête
(but de la "Grande Oeuvre") fut mise à l'avant-plan:
celle de la pierre philosophale, censée permettre
la transmutation d'un métal quelconque en or. Pierre philosophale,
en arabe, se dit al kimiya, ce qui donna le mot alchimie.
Du monde arabe, l'alchimie passa en Occident, où elle devint
une sorte de savoir occulte, étroitement lié à
un perfectionnement spirituel et requérant, comme lui, des
méthodes passant par des étapes bien définies.
Les éléments
Beaucoup d'efforts ont été consacrés aux séparations,
aux décompositions. Au stade ultime, elles aboutissaient
à des corps qui semblaient indécomposables. Souvent,
c'était dû à la faiblesse des techniques disponibles
à l'époque, mais on ne le savait pas. Vers la fin
du XVIIIème siècle, on en vint à accepter une
liste un peu hétéroclite d'éléments:
- la terre, l'air,
l'eau et le feu,
liste héritée de l'antiquité;
- les métaux, censés être les émanations
des astres: l'Or (Soleil), l'argent (Lune), le
mercure (Mercure), le fer (Mars), le cuivre
(Vénus), l'étain (Jupiter), le plomb
(Saturne)
- un couple important: le mercure, capable de tous les
amalgames, et le soufre, que l'on soupçonnait d'être
présent dans tous les métaux.
Pleine de philosophie, l'alchimie était une science occulte,
participant à la recherche d'une pureté originelle
perdue.
Vers la chimie
La chimie est la fille de l'alchimie. De l'une à l'autre,
il y a autant de continuité que de rupture:
- les expériences se multiplient
et leurs résultats s'échangent par la voie de livres,
d'articles, de conférences;
- les instruments se perfectionnent, notamment
les instruments de mesure (des poids, des volumes,
des pressions, des quantités de chaleur), permettant
d'évoluer vers une chimie quantitative;
par exemple, la balance
de Fortin, utilisée par Lavoisier,
permettant de peser avec une précision de 1/20 000;
- les méthodes s'affinent: avec
de plus en plus de finesse, on construit des expériences
visant à des objectifs de plus en plus précis. |