La couleur des objets

Prenons un peu de recul par rapport à notre exposé sur la couleur.

En nous basant sur le système RVB, nous avons privilégié une conception basée sur l'addition de trois composantes: le rouge de 700 nanomètres, le vert de 546,1 nm et le bleu de 435,8 nm. C'est très adapté au cas de la production des couleurs par les diodes de nos écrans plats. Mais cela n'a rien à voir avec la pratique ancestrale du mélange des couleurs qui est celle de nos peintres, de nos imprimeurs et même de nos éclairagistes.

Pourquoi?

Qu'est-ce qu'un objet vert?

Si j'éclaire un objet au moyen d'une lumière blanche, et que j'observe qu'il est vert, où sont passées les autres composantes de la lumière blanche?

Non, elles n'ont pas été transformées en vert. Elles ont été absorbées par l'objet. De même, un objet jaune absorbe toutes les couleurs, sauf le jaune. (Un objet noir absorbe toutes les couleurs visibles).

Diodes ou pigments: deux principes, deux méthodes

Comment, au moyen de mes trois diodes RVB, pourrai-je produire diverses variétés de vert? Cela résulte de notre exposé sur le système RVB et sur le cylindre chromatique.

Voici un nouvel exemple de ce procédé par addition.

Au centre, le vert "pur" au niveau maximum 255. A droite, le même auquel on a respectivement ajouté, avec un niveau 150, du rouge ou du bleu pour obtenir un vert-jeune ou un vert-bleu.

Remarque

Lorsqu'on additionne ainsi deux ou plusieurs couleurs, on obtient toujours une couleur plus claire que celles-ci, car la quantité totale de lumière est plus grande.

Tout ceci est assez rationnel et bien maîtrisé.

Ce n'est pas du tout par cette méthode que procèdent les imprimeurs ou les peintres, et ceci pour trois raisons complémentaires.

1. Ils n'additionnent pas des rayons, mais ils mélangent des encres ou des pigments.
2.

Ces encres et ces pigments ne fournissent pas des couleurs aussi "pures" que les diodes de nos écrans. Chaque encre ou pigment est caractérisé par un "spectre d'absorption". Par exemple, le spectre d'absorption d'un pigment vert pourrait avoir la forme suivante.

(C'est ici une courbe imaginaire, qui ressemble à celles, souvent plus compliquées, de pigments réels)

Ce pigment répond grosso modo à la définiiton, donnée plus haut, de l'objet vert: il absorbe toutes les couleurs, sauf le vert.

3. Lorsque l'on mélange des encres ou des pigments, on procède par soustraction: chaque pigment absorbe une gamme de longueurs d'onde. On parle de synthèse soustractive.

Contrairement au processus additif, plus on ajoute des pigments, plus le mélange s'assombrit.

Comparaison

Le système "soustractif" est évidemment beaucoup plus ancien que le système additif: on le pratiquait bien avant que l'on sache qu'il était soustractif! Mais il a aussi ses trois couleurs fondamentales: le cyan, le magenta et le jaune. C'est le système CMJ. Voici ses couleurs primaires et secondaires, comparées à celles du système RVB.

Comme on le voit, les deux systèmes sont complémentaires, puisque les primaires de l'un sont les secondaires de l'autre, et vice-versa.

On trouvera ICI d'intéressantes considérations sur la synthèse soustractive.

CMJN

Théoriquement, il est possible d'obtenir du noir par synthèse soustractive. En pratique, les mélanges de couleurs complémentaires ne peuvent être parfaitement équilibrés (on obtient une sorte de gris sale), si bien que le noir doit être adjoint comme quatrième couleur primaire pour obtenir des imprimés de qualité: c'est le système CMJN (avec N pour "noir"), utilisé par exemple dans les imprimantes.

Normalisation

Tant pour les encres que pour les enduits, chaque fabricant utilise ses propres gammes de pigments. Ce n'est que peu à peu qu'une normalisation a vu le jour.

En ce qui concerne les encres, le "nuancier Pantone" comporte 800 teintes, obtenues à partir de 10 couleurs primaires.

Mentionnons aussi le système RAL. Dans sa version "RAL design", il comporte 1600 teintes, ordonnées dans un ingénieux carnet qui permet une présentation en éventail et des comparaisons aisées.

Le site http://pourpre.com, déjà mentionné, permet le téléchargement du logiciel gratuit "boîte à couleurs", qui permet d'établir des équivalences de couleurs entre les systèmes RVB, TLS, CMJ, CMJN, Pantone, RAL, ...

Ces équivalences ne sauraient toutefois être parfaites, vu la différence des supports (écrans, papier, ...) concernés.