Critique de la quantification: quantifier avec prudence

Des succès certains

Raison, mathématique, quantification: par l'utilisation conjointe de ces trois outils, l'esprit humain a atteint, dans le domaine des sciences de la matière, un haut niveau de compréhension

qui lui permet une incroyable précision dans la prévision

et des réalisations techniques extraordinaires

Des extensions problématiques

En dehors des sciences exactes, la quantification a effectué des percées indiscutables, notamment dans les domaines
- de l'économie,
- de l'étude des populations (démographie),
- des assurances (actuariat, probabilité).

Même dans ces domaines, la quantification rencontre cependant d'importants problèmes.

  Problèmes Exemples
1.
La mesure des phénomènes est souvent difficile.
L'indice des prix.
2.
A fortiori lorsqu'il s'agit d'agréger de nombreux facteurs en un indicateur synthétique.
Le PIB (produit intérieur brut) et les tentatives de mesurer le "bonheur national brut".
3.
On a tendance à négliger les phénomènes non quantifiables (ou non encore quantifiés) alors même qu'ils peuvent avoir une importance déterminante.
Les résistances humaines provoquées par des implantations ou par de nouvelles réglementations.
4.
La prise en compte du non quantifié demande une combinaison de raisonnements quantitatifs et qualitatifs, combinaison dont la méthode n'est pas définitivement établie.
Le GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) est réputé pour la qualité de son dialogue entre experts de multiples horizons, ainsi qu'avec les responsables politiques.
5.
Le maniement des quantités se fait au sein de modèles, et dans les sciences humaines les modèles reposent le plus souvent sur des conceptions du monde plus ou moins explicites, et/ou sur des idéologies, qui peuvent être incompatibles.
On dit aujourd'hui que le "modèle capitaliste" est dominant en économie, et l'on tente d'y substituer d'autres modèles.

En contrepartie, l'expérience montre que des chiffres pertinents présentés avec intelligence et honnêteté facilitent le dialogue au sein des organes de décision, et sont donc un outil appréciable pour les responsables politiques.

Des extensions sur tous les fronts

Les énormes possibilités de stockage et de traitement offertes pas les ordinateurs font pénétrer les méthodes quantitatives dans des domaines aussi littéraires que l'histoire ou l'analyse des textes.

Par ailleurs, les avancées des sciences exactes permettent des aides manifestement utiles dans des domaines tels que l'archéologie, la psychologie, etc.

Ebauches de recommandations

Les utilisateurs (plus particulièrement les chercheurs) ne manquent pas de s'interroger sur l'utilisation croissante des méthodes quantitatives dans tous les domaines. On observe même certaines attitudes de rejet plus ou moins violent.

Retenons ici trois recommandations élémentaires.

1.
Ne soumettre aux opérations classiques (addition, soustraction, ..., et leurs combinaisons) que les nombres qui représentent des quantités (voir le contre-exemple du QI).
2.

Lorsque des quantités sont soumises à des opérations au sein de modèles plus ou moins complexes, n'en accepter les résultats que si ces modèles ont été dûment validés.

 

Validation: preuve deconformité avec la réalité.

3.
Ne pas utiliser de formules ni de modèles complexes sans en comprendre la portée exacte (et donc les limitations), et même l'essentiel de leur fonctionnement. Ceci est particulièrement nécessaire dans le domaine du calcul économique, où ne cessent de se développer des modèles faisant appel à la haute mathématique.

Voic ICI un schéma d'exposé relatif aux précautions nécessaires dans le domaine particulièrement sensible des statistiques.