Mesures trompeuses
Que pensez-vous des deux opérations suivantes:
- mesurer une longueur au moyen d'un mètre élastique?
- attribuer 100 points au premier, 0 points au dernier, 50 à
celui du milieu, etc.?
Ces mesurages vous paraîtraient sans doute étranges.
Et pourtant, nous procédons de la sorte dans certains cas.
La monnaie: un étalon instable
Bien loin d'être conservé, comme le mètre de
platine, dans un pavillon protégé, l'étalon
monétaire est soumis
à la loi de l'offre et
de la demande: lorsqu'une monnaie
est très demandée dans le monde, sa valeur augmente
par rapport aux autres monnaies.
Par ailleurs, lorsqu'un pays émet trop de monnaie par rapport
au volume des biens disponibles, la valeur de sa monnaie diminue,
il y a inflation, les prix
des biens augmentent.
La monnaie est un étalon variable. En 1944, à Bretton
Woods, un accord international visant à plus de stabilité
en période de reconstruction a mis en avant l'étalon-or.
Le dollar, principale monnaie mondiale,
lui était lié par le rapport de 35 dollars l'once
d'or, et les autres monnaies mondiales étaient liées
au dollar par des parités fixes.
Ce système a prévalu de 1946 à 1971. En 1971,
les Etats-Unis ont détaché le dollar de l'or.
En principe, les cours des monnaies sont devenus flottants. Mais
les pays peuvent, par des décisions individuelles ou collectives,
fixer le cours de leur monnaie par rapport à une autre monnaie
dite "de référence". Cela suppose que si
leur monnaie est peu demandée ils devront en acheter eux-mêmes
en vendant de l'or ou d'autres monnaies qu'ils détiennent.
Ceci n'est possible que dans une certaine mesure: si un pays n'y
parvient plus, il devra dévaluer
sa monnaie.
Aujourd'hui, les grandes monnaies mondiales (dollar, euro, yen,
livre) sont "flottantes": leurs cours varient en permanence
en fonction de l'offre et de la demande, ... et il en est de même
du cours de l'or, le plus sopuvent exprimé en dollars.
Depuis la création de l'euro,
le rapport entre l'euro et le dollar a varié quasiment du
simple au double: entre 0,8 et 1,5, ce qui est loin d'être
anodin et a beaucoup de conséquences pour le commerce international.
Mesurer l'immatériel? Le cas de l'intelligence
Une des valeurs immatérielles les plus étudiées
est l'intelligence. Il
va de soi qu'on ne peut mesurer une quantité d'intelligence
au moyen d'un étalon-unité.
On procède alors d'une manière qui n'est pas sans
susciter des malentendus.
On met sur pied un test d'intelligence,
c'est-à-dire une batterie de questions qui rapportent chacune
au sujet testé un certain nombre de points, que l'on additionne
ensuite pour obtenir un résultat global, que l'on appelle
"quotient intellectuel" (QI).
Tout ce que l'on peut faire au moyen d'un tel test, c'est classer
les sujets dans l'ordre de leurs résultats.
Il n'est pas question, par exemple, de déclarer "tel
sujet, qui a obtenu 140, est deux fois plus intelligent que tel
autre ayant obtenu 70".
Pour accroître la pertinence de ce classement ordinal, et
pour permettre de meilleures comparaisons entre différents
tests, les spécialistes procèdent à deux opérations
conjointes.
1. L'étalonnage du test
L'étalonnage consiste à soumettre à ce test
un échantillon représentatif d'une population de référence
(p.ex. celle d'un pays, d'une classe d'âge, ...).
Ceci permettra ensuite de situer chaque individu testé par
rapport à la population de base, et de connaître ainsi
ce que l'on peut appeler son niveau.
2. La normalisation du test
La normalisation du test consiste à faire en sorte que les
résultats obtenus par la population de référence
répondent à une distribution "normale",
caractérisée par une moyenne et un écart-type
().
Cette normalisation exige de fines manipulations (voir par ex.
ICI),
consistant notamment à
- modifier le contenu de certaines questions;
- modifier le poids de certaines questions dans le total.
Les test de Q.I. sont le plus souvent normalisés pour une
distribution de valeur moyenne 100 et d'écart-type
= 15.
La normalisation d'un test présente un double avantage:
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