Usages et utilité de la monnaie

La monnaie facilite les échanges

Nous l'avons vu (ICI), la monnaie a été en quelque sorte inventée pour cela: faciliter les échanges en servant de moyen de paiement pratique et fiable.

D'autant plus pratique et fiable que, de nos jours, les pouvoirs publics obligent les vendeurs à accepter la monnaie en paiement. En pratique, cette obligation est respectée, sauf dans les cas où la valeur d'une monnaie est devenue incertaine:

La monnaie, unité de mesure

En échangeant un bien contre une certaine quantité de monnaie, on établit la valeur de ce bien. Mais! Il ne s'agit pas de ce que l'on pourrait appeler la valeur intrinsèque, absolue, de ce bien.

Il s'agit plutôt de sa valeur d'échange. Et ceci constitue une importante distinction, mise en lumière par Adam Smith (1723-1790), un des pères de la science économique. Celui-ci distingue en effet, dès le livre premier de son célèbre ouvrage La richesse des nations, le prix naturel le prix de marché c'est la somme de toutes les dépenses qu'il a fallu effectuer pour produire et fournir cette marchandise c'est le prix auquel se vend (s'échange) effectivement cette marchandise

On s'aperçoit facilement que le qualificatif de naturel est quelque peu usurpé, comme le montre l'exemple suivant, qui nous conduit à une sorte de paradoxe.

Cent stères de bois de chauffage. Quel est leur prix "naturel"?

Le fait de disposer d'une monnaie permet de calculer ce prix, en additionnant ses composantes, comme suit:

Le paradoxe, dans ce calcul, c'est que chacune des composantes de ce prix "naturel"... est un prix de marché! Car chacune est le résultat d'une confrontation de l'offre et de la demande d'un produit, d'une marchandise, d'une heure de travail, ...

C'est pourquoi, plutôt que de "prix naturel", il paraît ici plus correct de parler de "prix de revient": la totalité de ce qu'il en coûte au producteur de bois de chauffage pour livrer 100 stères à son client, à savoir 3000 euros. Ce prix de revient peut alors être comparé au "prix de marché" de ces 100 stères, prix auquel un acheteur a accepté de les acquérir. Espérons pour le producteur que ce prix sera d'au moins 3600 euros, ce qui lui procurera un bénéfice de 20% (dont il faudra déduire impôts et taxes, mais ceci est une autre histoire).

Et la terre?

A propos de la propriété, nous avons déjà soulevé le cas particulier des terres. La terre n'a pas de prix naturel, sauf peut-être si elle a été aménagée et soignée de manière à gagner de la valeur.

Pourtant, la terre a une valeur d'échange: elle s'achète et se vend, son prix résulte de sa rareté, de sa qualité, du bénéfice qu'on peut en attendre...

Et le capital?

La monnaie permet aussi d'attribuer une valeur à des biens (autres que la terre) de la catégorie "capital".

C'est principalement le cas pour les bâtiments et les machines. S'ils sont acquis neufs, ils le seront à un prix proche de leur prix de revient. Mais lorsqu'ils seront affectés à une production, leur valeur résultera plutôt du bénéfice qu'en tire leur utilisateur: c'est ce qui fait principalement, par exemple, la valeur d'une action représentative d'une société.

Une impression de flottement

Plus on creuse cette affaire de valeur, plus on est saisi par une impression de flottement:

Aucune valeur n'est absolue, on est dans la relation, dans l'interdépendance.

Une réserve

Lorsqu'une monnaie est solide, elle est un excellent instrument de conservation d'une réserve de valeur. Elle est immédiatement disponible pour toute opération d'achat.

Posséder une réserve de monnaie, c'est conserver un pouvoir d'achat pour l'avenir: la monnaie permet à la valeur de traverser le temps.